Consommer local
- Philippe Richard
- 23 mai 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 mai 2020
L'expression, consommer local, n'a jamais aussi bien porté son nom durant la période de confinement. Souvent délaissés au profit de la grande distribution, les commerces et autres services de proximité ont, pour certains, pu tirer leur épingle du jeu. Non sans mal face à toute cette incertitude qui a régné et règne encore face au Covid-19. Aurélien Roche, le dernier venu parmi les producteurs locaux en a bien conscience. Lui qui en 2019 a installé ses plants de fraises bio pour une première récolte en 2020 a du composer entre restriction des déplacements et interdiction des marchés.

Le doute était légitime pour cet originaire du Breuil-sur-Couze qui, après avoir travaillé durant quinze ans, à Thiers dans le secteur du logement social, entamait, là, une reconversion professionnelle. « Après six mois de formation à Marmillat dans la filière des plantes à parfum aromatiques et médicinales, j'ai racheté, en 2018, la vieille ferme de la planche Artaud ainsi qu'une parcelle de terre attenante le tout sur 1,6 ha. La terre semblait propice et le PH peu acide. J'ai, effectué les démarches pour être certifié bio, et retenu la fraise comme base de ma production. Je produits des fraises non remontantes : Dely, Rubis et Sonata mais aussi de la rhubarbe, du cassis, de la groseille, quelques, prunes, quetches, pommes et des plantes aromatiques. »Le confinement a presque eu du bon puisque les gens se tournés vers le local. En plus des barquettes à la vente au public, sur les marchés, auprès de professionnels et au Locavor de Gannat, Aurélien propose la cueillette en direct dans le champ sur rendez-vous. Sachant la production saisonnière, Aurélien a ajouté une autre corde à son arc. « Je travaille avec la coutellerie de Thiers. En lien avec certains artisans, je vends leur réalisation sur les marchés l'été : juillet, août, septembre et puis décembre lors des marchés de Noël comme celui de Clermont-Ferrand ou je tiens un stand. » Ferme de la planche Artaud, lieu-dit l'Anglard, infos au 06.61.52.79.29.
Quelques piliers du commerce local ont, eux, continué leur activité. Presque contraints et forcés et perclus de doutes. Comment se protéger du virus, comment protéger les clients, faire respecter les distances physiques, les gestes barrières ?
A la boulangerie Aux Délices Bourbonnais, le coût est sans appel même si l'activité a pu se poursuivre. « On a augmenté nos tournées et trouvé de nouveaux clients qui pour certains nous resteront fidèles. La clientèle des communes voisines avait disparu. La clientèle locale, contrainte dans ses déplacements, s'est renforcée mais ce gain s'est vite envolé dès le déconfinement. Côté pâtisserie du quotidien l'activité s'est tant bien que mal maintenue. Par contre, celle réservée aux fêtes et célébrations familiales ou associatives s'est réduite à néant comme l'activité pour les collectivités. » Même s'ils ont connu pire en terme de gène vis-à-vis de leur activité le coup est rude. « D'autant plus que toutes les festivités sont encore contraintes : activité traiteur : repas de mariage, de communion... ; activité pour les écoles : la cantine ; activité liée aux associations.
Au Petit Casino, si l'activité a doublé pendant le confinement, Christophe et Laëtitia ont du s'adapter à cette situation inédite. « On a été dans le flou total les premiers quinze jours. Heureusement, une visioconférence avec les professionnels de santé locaux nous a guidés. On s'est adapté mais on a dû endosser de nombreux rôles. D'épicier, et avec la mairie fermée, on est devenu les renseignements généraux. On a fait office de psychologue, de travailleur social, de gendarme... On a vécu des aberrations qu'il a fallu solutionner. On a continué d'avoir un lien avec les personnes isolées, six en tout, et qui ne pouvaient se déplacer. On a ainsi pu compter sur le bénévolat local qui a assuré la livraison de courses. »Depuis le déconfinement l'activité n'a pas faiblit mais ce que redoute Christophe ce sont surtout les rendez-vous festifs, familiaux ou associatifs qui sont pour la plupart annulés. « Cela aura forcément une incidence sur notre activité. »
A la boucherie Bidaud-Marcus, la présence providentielle d'une clientèle supplémentaire a fait s'envoler l'activité. Mais c'était pour mieux retomber dès le déconfinement entériné.
Le tabac-presse, la station service, la pharmacie et le cabinet médical sont restés ouverts tout comme les restaurateurs, le Relais Bourbonnais et le Relais de Lilas, qui, sans pouvoir ouvrir leur salle, ont continué de faire fonctionner leur cuisine en proposant des plateaux repas à emporter.
Depuis le 11 mai, date du déconfinement, la Poste a quasi repris ses horaires habituels. La salon de coiffure Chlic-Chlac fait sans doute chauffer les ciseaux en enchaînant des rendez-vous non stop. L'institut de beauté, Douc'Heure, a, lui, aussi, renoué avec la clientèle. Les établissements Carton et Caille, s'ils ont assuré un service pour les dépannages ont, eux aussi, repris leur activité avec toutes les mesures qui s'imposent. Le garage Allier Auto Services a réouvert ses portes tout comme le garage Chassaing et le garage moto Moto Loisirs 03.
La meilleure des récompenses que chacun et chacune peut faire
à l'adresse de ces commerçants locaux qui sont restés ouverts malgré tout,
c'est de leur rester fidèle.
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